Page:Rachilde - Les Hors nature, 1897.djvu/174

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Est-ce qu’elle fourvoyait son honneur dans ces bagatelles ? Singulières, les Françaises, avec leur jeu des mille facettes de la galanterie restreinte… et haut montée en goût littéraire. Il rapprocha son fauteuil. L’orchestre jouait une bouffonnerie qui lui semblait le clairon nécessaire à cet assaut, mais il avait, par-dessus ses désirs, la volonté de la courtoisie, exagérant nos modes, comme tous les étrangers de distinction en rupture d’habitudes.

— Permettez-moi… je ne cherche pas une liaison, je cherche une victoire, je sais si bien que dans les meilleurs triomphes il y a un revers qui nous attend. Je vous veux sans lendemain, comprenez-vous ? S’installer dans une place forte autrement que pour y passer tous les habitants, la même nuit, au fil de l’épée, m’a toujours paru le comble de la bêtise !

Geneviève bondit.

— Stani ! s’écria-t-elle horrifiée. Est-ce là votre ligne de conduite ? Vous, un garçon si délicat, si parfaitement blond cendré de la pointe de vos moustaches à vos manières ! Vous qui n’avez jamais aimé sans songer naïvement, disiez-vous, à l’étoile qu’on regarde ensemble à la même minute !… Pourquoi ce langage de soudard ? Je suis un soldat, moi aussi, mais sur le terrain des réconciliations !

— La paix armée, insinua le jeune homme qui recula son fauteuil.

Une gaffe, cette explosion des vrais sentiments. Au point de vue diplomatique, c’était vexant.

— Oh ! Geneviève, dit-il avec grâce et se versant