Page:Rachilde - Les Hors nature, 1897.djvu/201

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


I

Dans la petite chambre ronde tombaient, comme au fond d’un puits, de tremblantes lueurs d’étoiles dont les perpétuels vacillements semblaient s’irradier le long d’une eau limpide ; pourtant, la pureté de l’atmosphère, l’absence de tout bruit terrestre, permettaient de se croire à d’extraordinaires altitudes. Quelquefois, un cri d’oiseau nocturne montait avec l’odeur fraîche de feuilles mollement remuées par des cimes, et on sentait expirer, très en dessous de soi, l’haleine paisible d’un vaste monde inférieur qui dormait.

Au centre de la pièce, debout près d’une colonne supportant la voûte vitrée, Reutler tournait les pages d’un livre que lui tendait un pupitre ancien de forme lourde.

Couché sur un divan bas, Paul-Éric fumait, pensif. Il était habillé d’un costume flottant, clair, de flanelle blanche, prenant, autour de son corps