Page:Rachilde - Les Hors nature, 1897.djvu/243

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Toutes les passions respectables sont des passions, c’est-à-dire faites de l’amour unique ou à son reflet. Amour de la mère pour l’enfant, amour de l’époux, amour de l’épouse, amour du frère pour son frère, si tous ces amours sont dignes de ce nom, ils n’ont rien à voir avec les sentiments normaux. Il n’y a pas d’affection sainte ni sacrée, il n’y a que l’amour, et plus il est fou plus il a la chance d’être réel. Si j’aimais un animal, j’en ferais un être à mon image et j’essayerais de lui communiquer ma divinité… Il ne s’en suit pas, cependant, que l’on soit forcé de… coucher ensemble, la mère avec l’enfant et… l’époux avec l’épouse !… Bon pour les gens normaux, c’est-à-dire pas sains. Vous êtes si pauvres, tous, en volontés morales ou physiques ! Il ne s’agit pas du divin Platon qui radotait et le plus consciencieusement du monde. Quand on est sain, c’est-à-dire proche de la divinité, la sensualité portée à son paroxysme n’est qu’une fonction involontaire, un acte en dehors de soi qui n’a pas besoin d’adjuvant ! Grave ceci dans ta mémoire, Éric ! Un être qui va chercher son voisin ou qui se surexcite en état d’amour est un impuissant. Vos spasmes sont des leurres, puisqu’ils ne durent que le temps d’un spasme… Ne m’interromps pas ! Je devine ce que tu vas dire : Je suis la stérilité et la mort ! Au moins, suis-je conscient. Vous, vous faites pis que d’être stériles. Vous créez de la stérilité et de la mort, quelquefois, très inconsciemment. C’est abominable ! Ah ! moi je suis heureux de ma souffrance comme vous êtes à peine heureux de vivre ! Je suis l’absolu, je suis peut-être aussi l’orgueil, Je