Page:Rachilde - Les Hors nature, 1897.djvu/280

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Il était en costume de cheval très fantaisiste, un habit de drap blanc sur une culotte de peau, botté de bottes blanches, à revers de soie, et sur sa chemise, épinglée de perles, bouffaient des dentelles.

— Mon grand, cria-t-il sans apercevoir la servante, le demi-sang est extraordinaire ! Je suis allé et revenu en une heure. Les de Preuille sont très gentils. Un peu popote… mais aimables. Ils ont deux jeunes filles charmantes… aussi bêtes que des poules faisanes, car elles se scandalisent d’un Monsieur qui monte autrement qu’en rouge ou en noir. (Il éclata.) Comme si on pouvait monter une jument arabe en noir, hein ? Singulier, ce que les femmes se foutent de la ligne… Et en rouge, ce serait stupide, puisqu’on ne chasse pas… J’ai essayé de leur inculquer toute la poésie de mon costume, elles m’ont répondu par des révérences genre couvent d’opéra-comique ! Me suis bien amusé. On pourrait se lier, mon grand, pas à cause des filles, pour les chevaux, leur écurie est vraiment superbe !… Bon Dieu ! Qu’est-ce que je vois ? L’incendiaire !… (Il se recula, les sourcils froncés, puis très hautain, affectant son ton le plus anglais, il ajouta :) Mes hommages, Mademoiselle ! Vous vous occupez d’astronomie… Est-ce que je vous dérange ?

Reutler aurait assassiné quelqu’un, de plus en plus.

— Eh ! dit-il, un peu de sérieux, je te prie ! C’est Mademoiselle qui me dérange, il lui faut… cela regarde Jorgon… enfin, elle a besoin… d’un… (il s’arracha le mot du cœur, très dégoûté)… d’un peigne.