Page:Rachilde - Les Hors nature, 1897.djvu/301

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

redingote, cintrée à la taille par une cordelette de soie, d’étoffe grise, très plume de colombe, odieusement fade. Le col, ouvert selon le style tendre de l’époque, avait des revers de velours bleu et sa chemise, garnie de dentelles anciennes, bouffait en jabot. Pour compléter la gravure, le jeune homme s’était lissé les cheveux sur le front comme les bandeaux de la dame aux camelias et froissait un éventail blanc dans ses mains pâles.

— Bonjour, Messieurs, fit-il de son ton chanteur des grands jours. Il paraît que vous avez l’intention de me nommer capitaine de pompier, si je daigne opter… ? (Il leur tendit la main en éclatant de rire.) Voyons ! Regardez-moi bien ! Mes pauvres amis, vous ne voudriez pas me forcer à porter un casque ? Ça ne m’irait pas… À peine celui d’Achille du temps où il l’essayait chez Déidamia ! Et encore ! Donnez-moi Déidamia pour m’applaudir… Monsieur Joviot.

— Je n’ai pas l’honneur de connaître cette dame, Monsieur Paul ! répondit le maire, la figure absolument congestionnée.

Lissant ses bandeaux, Paul s’affala sur un canapé.

— On prendrait volontiers un verre d’orangeade, n’est-ce pas ? Quelle chaleur !

Et il s’éventa.

— Mais oui, ou du madère, balbutia Reutler qui voyait, en un rêve atroce, le blason se couvrir de boue devant des rustres.

— Ne te dérange pas, mon grand. J’ai tout prévu, dit Éric avec une grâce exquise.

Le forgeron regardait Paul, les bras gourds. Les