Page:Rachilde - Les Hors nature, 1897.djvu/308

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de demeurer là !… Oh ! ce visage adorable de princesse byzantine qu’il avait cru ridiculiser en le reniant, ce cher visage de prince décadent faisant claquer l’éventail derrière ses cheveux d’or ! Est-ce que c’était possible que l’impossible échappât ? On se séparait pour toujours au seul nom d’une femme, et quelle femme ?… Il eut l’idée de l’étrangler, la petite servante si humble.

— Monsieur Reutler, cria la jeune fille, je l’entends qui revient !… Oui… je l’entends !… Le voilà !… Il saute les marches de l’escalier… Monsieur Reutler !…

— Moi, je l’entends toujours, râla Reutler désespéré, parce que ses pas ne font aucun bruit ! Je l’entendrai toujours et il ne sera plus.

Ses bras se tordirent. Il ferma les yeux.

Paul revenait. Il riait d’un rire féroce, un rire d’ivresse, et ce n’était pas de poison, certes, qu’il était ivre ! Avant d’en arriver à de telles extrémités, il voulait se venger. La petite avait dû causer. Il allait lui rendre son trésor. Une dernière générosité de cynique ! Quand il lui plaisait d’être lâche, il aimait, lui, à le faire savoir.

Épouvanté, Reutler le vit dérouler une grande chevelure, toute la crinière de la lionne !…

— Tiens ! cria Paul lui fouettant la face de ce sinistre fouet de soie, je te rends les cheveux de ta belle… je me les suis offerts parce que c’est encore ce qu’elle a de plus présentable ! Tiens ! Tiens ! Embrasse, mon grand ! J’ai couché avec… Quant à la femme, tu peux la garder… m’intéresse pas du tout.