Page:Rachilde - Les Hors nature, 1897.djvu/330

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

beau que nature, aujourd’hui. Mica, si je tombe, je vais tomber mort.

— Je vous soutiendrai, répondit la servante lui prêtant son épaule. Dame ! l’air pur, ça va vous éprouver, Monsieur Paul. Du courage !

Dehors, les moissons n’étaient plus. Les campagnes désertes avaient l’aspect abandonné.

Elles descendirent l’une sur l’autre appuyées, l’impératrice et sa demoiselle d’honneur, mais Hadrien ne les reçut point au bas des dernières marches.

Paul regardait du côté du grand salon, tournant le dos à la campagne.

— Où sont les fenêtres, où sont les portes, Mica ? Je ne vois que des rosiers grimpants.

— Monsieur le baron les a fait murer, pensant que vous seriez plus chez vous.

— Il ne veut pas me revoir ?…

— Il croit que c’est vous qui ne voulez pas.

Paul aspira longuement la douce brise venue des champs en renversant la tête. Il eut un sourire.

— Oui, je sais, le mur de son orgueil ! Cet homme n’aime rien, ni toi, ni moi, il nous tuera toutes les deux.

Et il s’écroula, comme foudroyé…

— Monsieur, déclara Marie pénétrant sur les pointes dans le grand salon aveuglé de Rocheuse, où, à la lueur d’une lampe, Reutler faisait semblant de lire, Monsieur, il est très malheureux, il pleure, il se mord les bras, je ne peux pas le consoler, il répète qu’on l’a enterré vif. Et puisque le médecin ne doit pas revenir, je crois que vous feriez bien de le remplacer… là… tout de même c’est votre frère…