Page:Rachilde - Les Hors nature, 1897.djvu/334

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— Il va me le jeter à la figure, songeait l’aîné palpitant d’horreur, et je devrai le tuer ou… ramper pour lui demander pardon. Il a tous les droits puisque je l’ai fait souffrir…

Mais Éric se leva et reprit, de sa voix légère…

— Je viens vous trouver, mon cher, surtout au sujet de l’équivoque. Je tiens à dégager mes responsabilités. Cette petite Marie est vraiment charmante et j’imagine qu’elle contribuera, dans une certaine mesure, à ma… transformation. Vous avez eu la bonté de me prêter ce joujou que j’ai laissé intact, histoire de vous prouver ma courtoisie en ne chassant pas sur vos terres… maintenant, je découple, vous permettez ?

— Bon ! pensa Reutler toujours immobile et respirant à peine. C’est l’annonce de la nouvelle torture… J’accepte. J’ai déjà passé par cet enfer plusieurs fois. Il espère me voler quelque chose et comme il ne me volera rien… Je ne l’aurais pas cru si maître de lui. Est-ce qu’elle finirait par lui plaire ?

— Vous tenez à cette fille, Monsieur ? questionna. Paul, allant secouer la cendre de son cigare au coin de la cheminée pour avoir l’occasion de se regarder dans une glace.

— Je l’estime énormément.

— Oui, je saisis bien, dit le monstre se tournant de profil, on n’aime, en général, que les gens qu’on méprise, et c’est me répondre que, sensuellement, vous vous en souciez peu. Vous avez tort ! Elle est jolie… pas de visage peut-être…

— Vous vous êtes renseigné ? objecta Reutler sentant la chaleur lui monter à la face.