Page:Rachilde - Les Hors nature, 1897.djvu/354

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pâlissez pas ainsi, mon Dieu ! Oh ! Les femmes !… Allons, asseyez-vous, ne tremblez pas là, sur ce fauteuil… Sacrebleu !

Marie n’en pouvait plus. Son cœur battait, ses tempes se gonflaient, ses dents claquaient. Elle murmura ;

— Vous tuez les bêtes, vous ? Je croyais que vous étiez bon ?

Il fit le tour de sa chambre, énervé, enfin se décida à appeler Jorgon lui-même. Comme la petite servante, Jorgon fut horrifié. Cependant il ne dit rien. Pour lui, la dignité de la maison sombrait. Plus de respect aux offices, et, chez les maîtres, la gueuse courant de l’un à l’autre avec un entrain diabolique, semant le désordre. Le brave homme enveloppa les deux jolis cadavres d’une nappe blanche que Marie lui donna et les emporta comme des personnes, selon son expression, car tout ce qui n’était par ses maîtres, c’était : des personnes.

— Tu demanderas à Éric s’il désire conserver la dépouille de son paon ! cria Reutler de la porte, puis il poussa un verrou.

— Est-ce que cela va mieux ? questionna-t-il en revenant vers Marie, essayant de sourire.

— Oui, je peux m’en aller… Monsieur Reutler, je vous remercie.

— Vous aviez à me parler… Ah ! petite Marie, vous n’êtes pas brave… Que diable, quand on a mis le feu aux églises… Mais, cela ne se discute pas, les nerfs.

Et il ricanait de son rire muet, le plus railleur. — Aujourd’hui vous me reprochez mon crime ?