Page:Rachilde - Les Hors nature, 1897.djvu/373

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Reutler pleurait.

— L’honneur ! Ah ! l’honneur ! L’autre chimère !… cria-t-il.

— N’en doute pas, fit Éric raillant, seulement, faut pas l’avouer devant ses domestiques, c’est dangereux ! La petite servante s’est cru tous les droits parce que tu l’as chargée, un jour, de m’apporter des roses…

— Que t’a-t-elle dit !… questionna Reutler levant son beau visage bouleversé.

— Quoi ? Avant, pendant ou après ? Diable ! tu aimes les détails ! Eh bien, après je l’ai laissée riant comme une petite folle et je suis venu rire ici ! Ce n’est pas sérieux, ces dénouements, et tu n’as pas besoin de contempler ton revolver !…

— Oh ! je suis au bout de mes forces ! Éric, j’ai peur de ce que tu vas penser… Je croyais que tu l’aimais davantage. Qu’elle pourrait te guérir de… toutes les névroses. Tu es venu me la demander si impérieusement… Ne te moque pas, mon Éric… ne ris plus, car c’est bien pour une couronne qu’elle a joué ce rôle de prostituée ! Le véritable amour qu’on exaspère peut aller jusqu’à l’auréole… du martyre ! Éric, à quel supplice ne nous condamneras-tu pas, mon petit Éric !…

Éric examinait son frère attentivement. Il pâlit.

— Mais, dit-il, tu es très honteux ! Qu’est-ce que tu as donc fait ?

— Oh ! Rien !… j’ai promis notre nom et c’est moi qui épouse !

Paul-Éric ouvrit des yeux immenses où passa une lueur.

— Toi ! Toi ! hurla-t-il, Reutler de Fertzen ! Toi,