montait la côte, vers le château et il ne se rappelait pas qu’elle eût des cheveux bouclés. Exténué, Reutler rentra pour interroger Jorgon demeuré l’unique gardien de Rocheuse.
— As-tu des nouvelles ? cria-t-il dès le seuil.
— Monsieur, répondit Jorgon tout tremblant de joie, il va mieux ! Il s’est grisé, puis il s’est endormi, après s’être fabriqué une robe de chambre avec l’étoffe chinoise, vous savez ? Il est très sage, ne demande pas à sortir de sa prison, seulement il voudrait bien vous embrasser ! (Jorgon s’attendrit.) Quand il est gris, voyez-vous, Monsieur, c’est un amour, il redevient caressant comme un gamin. Il m’embrasse, moi, un pauvre homme… Ah ! Monsieur le baron… cette personne, espérons qu’elle ne se retrouvera jamais !
Reutler n’eut pas le courage de protester.
— Est-ce que Monsieur désire souper ? questionna Jorgon toujours ému et s’essuyant les yeux.
— Non ! Pas faim. Je suis trop fatigué. Je vais essayer de dormir. Tu m’éveilleras… lorsqu’il y aura d’autres nouvelles. En attendant, toi, tu coucheras au pied de l’escalier de l’observatoire. Je ne veux pas que l’on monte chez mon frère, ni qu’il puisse descendre. Garde-le.
— C’est heureux que vous n’ayez pas d’appétit ce soir, Monsieur le baron.
— Pourquoi Jorgon ?
— Parce que j’ai dû renvoyer la cuisinière… c’est-à-dire, Françoise est sortie tout d’un coup comme… cette personne.
— Et de quel droit mes domestiques s’en vont-ils avant que je leur donne congé ?