Page:Rachilde - Les Hors nature, 1897.djvu/381

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Où sont donc les flambeaux de la cheminée ? Et la lampe qui charbonne… Est-ce que mon lit aurait tourné ?

Il glissa, debout, s’épongea la figure.

— Je sue à grosses gouttes ! Allons ! voilà le scandale prévu, le dénouement inévitable ! Pour moi la folie furieuse et pour lui la monomanie, en y ajoutant quelques scènes de cour d’assises. Oh ! ne pas pouvoir crever avant la risée universelle ! Jorgon ! Jorgon ! hurla-t-il éperdu.

Sa voix s’étouffait. Peut-être ne criait-il même pas.

— Ils m’ont mis pieds et poings liés dans un cabanon… cela est certain… Non ! je ne suis pas lié… Alors, tâchons de raisonner, d’analyser, ou je suis mort, je sens que tout éclate au fond de ma poitrine.

Il heurta un timbre et attendit.

— Personne !

Son état s’aggravant, ne pouvant presque plus respirer, il se traîna vers la porte, les jambes paralysées par une espèce de demi-sommeil. Il releva les draperies, voulant ouvrir ; la porte résista.

Pour la première fois de sa vie, le baron de Fertzen ressentait la terreur physique, la peur noire. Il se dit que cela c’était vraiment l’enfer et il pensa passionnément à Paul-Éric.

— Il est prisonnier, là-haut. C’est moi qui l’empêche de venir à mon secours, mais je veux aller mourir auprès de lui. La folie n’est pas dangereuse tant que l’on peut savoir qu’on est fou. Je ne veux pas qu’on nous sépare encore… il faut, je veux aller le rejoindre ! Éric ! mon petit Éric ?