Page:Rachilde - Madame Adonis, 1929.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Vous êtes témoin, monsieur Rampon, elle me conduit droit au cimetière, je vous le dis.

Le docteur remuait le nez.

— Vous n’avez pas voulu vous arranger un sort, madame Bartau et vous créer une nouvelle maison.

— Je le regrette, monsieur Rampon, je le regrette, seulement, j’ai cinquante ans, vous soixante-trois, on ne se marie plus à notre âge.

— On s’associe, Caroline., répliqua le docteur avec une dignité solennelle.

— Voyez-vous, il y a des jours où je voudrais avoir épousé ce Tranet, parce qu’il n’aurait jamais pu me prendre mon fils.

— Sans doute, madame Bartau, et aussi parce que vous en teniez va brin, jadis…

Elle secoua un torchon, très en colère, les pommettes pourpres.

— Hein ? Lui ! ce failli, ce chien de failli ?… Ah ! taisez-vous donc, un libertin pareil !

— Tous les libertins plaisent aux femmes. J’ai déjà pensé que votre Louis était trop sage pour savoir s’attacher Mme Bartau jeune.

— Épouser Tranet, reprit Caroline furieuse, moi qui ai fait marcher la maison, après mon défunt, comme un homme, au doigt et à l’œil ? Je n’ai jamais eu besoin de personne, et ce ne serait pas d’un failli que j’aurais besoin maintenant. Vous êtes fou, docteur.

— Calmez-vous, Caroline, je voulais rire… Alors, nous devisions sur la stérilité, je crois. Donc, notre jeune dame est stérile ?

— Est-ce que je le sais, moi ? je vous jure qu’elle mange en tous les cas comme si elle était deux à nourrir.

— Enfin, voici un an et demi qu’ils sont ma-