Page:Rachilde - Madame Adonis, 1929.djvu/122

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— Non, restez, je veux que vous le jugiez mieux ! fit Caroline en lui barrant le passage.

Tranet devint tout penaud à la vue de ces dragons de vertu.

— Eh ! eh ! bonsoir la compagnie. Nous avons pris un petit pousse-café, la maman et nous revoilà sans le moindre pompon. Il est entendu avec mon gendre que je suis embauché comme garde-magasin. On a toujours besoin d’un manœuvre, n’est-ce pas, la maman ? Je n’aime pas à fricoter dans les livres, je fricoterai dans les planches et je gagnerai… Aie !… Aie ! qu’est-ce que je gagnerai ? dit-il, implorant du regard l’assistance de Louis.

— Cinquante francs par mois, déclara celui-ci d’un air dégagé ; il ajouta poliment : Cela vous convient-il, mère ?

— Naturellement. Il faut bien que cela me convienne, riposta Mme Bartau d’une voix sèche.

Louis salua le docteur.

— Vous savez, monsieur Rampon, que ma petite femme et moi nous avons la paix.

— C’est à merveille, mon ami, et à quand ce baptême ? répliqua le médecin, s’appuyant des deux mains sur sa canne, une épine monstre qu’il avait travaillée lui-même à ses heures de loisir.

Louis rougit un peu.

— Ma foi, monsieur Rrampon, nous ne sommes pas pressés, je la trouve si charmante dans sa petite taille menue que je crains de déformer mon trésor… Nous amassons d’abord la fortune pour le bébé, ensuite le bébé s’amènera tout seul… Du reste, acheva plus bas le jeune homme, ce n’est pas de ma faute.