Page:Rachilde - Madame Adonis, 1929.djvu/139

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raconterait qu’elle n’a ni hanche ni bassin… le vrai chic !

Louise ne se tenait plus sur ses jambes, elle s’affaissa, pâle comme une morte.

— Ah çà ! une émotion ? Tu te lèves, tu t’assieds, tu ouvres la bouche, tu écarquillés les yeux. Voyons, ma fillette, explique-moi la chose, je garderai tout, nom de nom !

— Papa ! elle lui ressemble comme si c’était lui ! souffla-t-elle.

— Tonnerre ! j’aurais dû me figurer ça immédiatement. Ah ! elle lui ressemble ! Alors, c’est donc sa sœur ? Le drame se corse… Louise dis-moi tout, je te jure que… — Puis, avec vivacité, il exécuta un furieux moulinet. — Non ! je ne veux rien savoir, ma fille, car j’étranglerais l’aristo, tout failli que je suis… Je flairais du grabuge, mais je ne croyais pas que tu trompais ton époux ; c’est honteux, voilà mon sentiment.

Louise secoua la tête.

— Je n’ai jamais trompé mon mari, cher père.

— Donc, tu as envie de le tromper, ma fille.

— Je crois que je deviens folle… oh ! ce n’est pas possible !

Ils se mirent à arpenter la promenade bras dessus bras dessous pour se calmer. Tranet ne savait plus s’il devait partir en guerre ou s’il devait la consoler. Louise avait reçu comme le choc d’une hache dans le front.

— Rentrons ! balbutia-t-elle, je suis sûre que la dame va chez nous !

— Qu’irait-elle y faire, puisqu’elle ne te connaît pas, ma petite, et ce n’est point du monde à maman Bartau, je présume.