Page:Rachilde - Madame Adonis, 1929.djvu/149

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— Lui ! souffla Louise dont les joues, de rouges qu’elles étaient, devinrent très blanches.

Le docteur et son adversaire restèrent l’un en face de l’autre, les poings crispés sur le malheureux moulin, cause innocente de leur fureur. La bonne courut ouvrir.

— Excusez, messieurs, balbutia-t-elle, le chemin est noir… mais on arrive tout de même, puisque la porte cochère n’est qu’à pousser. Excusez, messieurs, vous venez pour le bois ?

Caroline quitta son fauteuil, cérémonieuse.

— Entrez donc ! Nous sommes en famille, ces messieurs se reposeront bien un instant Mettez-vous… Marie, les chaises du salon !

Ils pénétrèrent dans la salle. Louise recula jusqu’au fauteuil du docteur. En effet, c’était lui, le fou d’Amboise, accompagné de son frère, le grand sculpteur mal corné.

— Monsieur Bartau ? demanda ce dernier de sa voix gouailleuse.

— J’ai eu l’honneur, dit Louis en saluant, de vendre à Madame votre sœur, aujourd’hui, pour trois cent soixante francs de bois dur. Les cœurs de chêne sont débités en grosses souches non équarries. Désireriez-vous les examiner avant leur livraison à domicile ?

Hector Carini s’assit gaiement.

— Jamais de la vie, par exemple ! du bois est toujours du bois, et ma sœur s’y connaît, je pense. Nous apportons les ors, voilà tout.

Il posa sur le tapis de la table une pile de pièces de vingt francs que maman Bartau se mit en devoir de compter.