Page:Rachilde - Madame Adonis, 1929.djvu/153

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— Madame, ajouta-t-il, en remontant du poignet à l’épaule par des caresses rapides, délicates, qu’elle devinait sans pouvoir s’en offenser, Madame, ignorez-vous que je vous aime toujours… que je vous adore… et que je vous quitte pour ne plus vous revoir, probablement. Ma sœur sera bien heureuse, elle, car elle habite ici et elle vous reverra…

— Votre sœur ?

— Oui, la dame qui me ressemble tant.

— Oh ! c’est vrai, elle vous ressemble à croire…

— Chut ! Soyons prudents… On se retourne. Écoutez-moi, Louise, cherchez à la revoir… pour qu’elle puisse me parler de vous. Adieu, mon amour !… Adieu !

— Marcel, où es-tu ? criait le sculpteur qui avait déjà franchi la porte cochère.

— Je te suis, répondit le jeune homme, et, d’un bond, il rejoignit son frère, après s’être humblement incliné devant Louise.

La pauvrette avait le cœur glacé. Il ne reviendrait plus ! Le doux roman finissait là, dans cette nuit sinistre. Il ne reviendrait plus ! Et il lui disait cela en l’entourant de ses caresses fluides pour qu’elle le pleurât durant l’éternité. Marcel ! Marcel Carini ! Marcel ! Et il ne lui serait jamais permis de l’appeler, à travers ses larmes ; elle était mariée, l’amour d’un autre, c’est le fruit défendu !

— Demain matin nous nous lèverons de bonne heure, annonça le mari en rentrant chez eux.

— Pourquoi ? interrogea Louise tombant du haut de son rêve.