Page:Rachilde - Madame Adonis, 1929.djvu/64

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aveux, ses tristesses de lui avoir désobéi, ses joies de le retrouver gentil et affectueux, tout s’envola dans l’arbre sombre, avec les pierrots qui se disputaient sur leur nid. Elle demeura immobile, la bouche béante, ne pouvant même plus pleurer. Il avait dit : Madame ! C’est que la maman Bartau voulait une punition exemplaire ; le premier sentiment de révolte chez une femme doit être étouffé net par la morale du mari ou c’en est fait à jamais de son autorité, elle lui avait monté la tête de toutes les manières et il avait promis, en solennel serment, de mettre un terme à ce dévergondage qui risquait, déclarait Caroline, de le rendre la fable de son quartier.

— Je te la ramène, cette effrontée, s’écria Mme Bartau, s’épongeant les joues comme si elle avait tiré la carriole à la place du cheval, je te la ramène, ta demoiselle Tranet, et je pense que tu vas lui expliquer ce que nous voulons, maintenant. Surtout, de la fermeté, mon garçon, ou tu en porteras un jour, c’est moi qui te le prédis…

À ce mot, le sang de Louis ne fit qu’un tour, il saisit le poignet de sa femme.

— Tu es une misérable ! dit-il les dents serrées, tu nous laisserais mourir de chagrin sans te préoccuper de nous enterrer ! Oh ! je suis aussi malheureux que possible, va, de t’avoir épousée… Je t’ai préparé une chambre à part, tu m’entends, vous m’entendez, mademoiselle Tranet ; ma mère a bien raison… vous êtes capable de me tromper, vous ne m’aimez plus !… Vous ne devez plus m’aimer, d’ailleurs, je ne le veux pas, car vous êtes une folle, sans pudeur, sans entrailles… Allez donc dans cette