Page:Rachilde - Madame Adonis, 1929.djvu/69

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ciation et personne, du reste, ne pourrait le nier.

Devant sa porte, il s’arrêta, palpitant. Son intention formelle était de poser quelques questions indifférentes. Aurait-elle envie de sortir sur le Cours ? Voulait-elle qu’ils allassent ensemble à la scierie mécanique ? C’était assez loin, dans la banlieue, et elle se faisait toujours un grand bonheur d’y aller à deux visiter les commandes, gourmander les ouvriers ; il se rappelait même qu’elle s’était, un matin, roulée à travers les copeaux mis en tas, prétendant que cela sentait très bon.

Il poussa doucement la porte et la referma plus doucement encore.

Louise ne dormait pas, mais elle s’était couchée les yeux fixés sur la vitre où un mince filet argenté nuançant les barreaux, lui apprenait que la lune vagabondait dans l’immensité. À quoi rêvait-elle ? Sa tête charmante se renversait sur son oreiller, tout auréolée de ses cheveux fous, son bras blanc pendait le long de la couverture. Comme elle avait un peu de moiteur sur la peau, sa chair brillait, semblable au satin d’une robe nuptiale.

Louis s’avança, bouleversé.

— Tu ne dors donc pas ? demanda-t-il à voix basse, il est onze heures ; ce n’est pas raisonnable !

Elle n’eut aucune peur, mais elle éprouva seulement un espèce de tressaillement douloureux.

— Que voulez-vous, monsieur ? lui dit-elle du même ton qu’il avait dit : Madame ! le jour de son retour d’Amboise.

Alors Louis oublia complètement ses résolu-