Page:Rachilde - Madame Adonis, 1929.djvu/94

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motta-t-elle, ― et, le bourrant dans l’estomac : On ne vous attend pas, lui glissa-t-elle, il se fait un sale vinaigre, ici : la petite est désolée, le petit ne cause guère, la mère est enragée… Monsieur Tranet, vous tombez comme la misère sur le pauvre monde.

— N’ayez pas peur, je leur chanterai des choses, au dessert… mais, tout de même, ils m’ont fait venir et ce sont de braves cœurs. Je n’avais plus un radis, ma fille.

Marie ne saisissait pas, cela se voyait, les folles imaginations du marchand de chaises.

Soudain on entendit un grand bruit dans l’escalier. C’était Louise qui, ayant aperçu son père au milieu de la cour, dégringolait avec des exclamations douloureuses. Elle se jeta sur lui.

— Papa, mon papa, oh ! que je suis malheureuse !… c’est de ma faute… moi qui n’osais plus te dire le contraire… Hélas !… j’espérais tant que ma dépêche ne t’aurait pas rencontré… C’est à toi ces malles, ces paquets ? Mon Dieu !… comment as-tu donc fait pour laisser ta maison, ta faillite ?… Oh ! j’ai la tête à l’envers !

Louise s’abattit à genoux, très pâle.

— L’émotion demandée ! fit le père en la relevant pour la couvrir de baisers… Comme tu es fragile, ma mignonne ! Tu es devenue nerveuse, à ce qu’il paraît. Ces malles ?… Eh bien, mais je m’amène pour partager le feu et la chandelle, puisque c’est entendu avec ces braves gens-là… Tu me dis de passer te voir, dans ta dépêche, et moi, je ne savais plus où dénicher une croûte ; j’ai bien compris… j’ai pensé tout de suite : ils n’osent pas m’écrire :