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anormale se passait. La tête se haussa, un frac rouge, des culottes courtes sortirent peu à peu et Largess, grave, froid, abaissa jusqu’à terre (ce qui n’était pas difficile avec sa taille lilliputienne) son chapeau ciré.

— Monsieur le duc fait demander à Mademoiselle, comment Mademoiselle se porte ? »

Renée demeura confondue. Croyant qu’elle n’avait pas bien entendu, Largess répéta du même accent la même phrase :

— Remerciez Monsieur le duc. Mais comment avez-vous découvert ma fenêtre ?

— J’ai pris la liberté, Mademoiselle, de coucher dans ces fleurs, ce qui m’a permis d’étudier les lieux.

— Et pourquoi ?

— Monsieur le duc m’a ordonné de saluer Mademoiselle de sa part sans que personne ne me vît et sans offenser Mademoiselle, je ne pouvais m’enquérir auprès des gens de la maison. Alors, j’ai guetté aux lumières de la soirée l’ombre la plus légère sur les rideaux, et me suis étendu là pour exécuter les ordres de Monsieur le duc.

— Vous êtes un prodige, monsieur Largess.

— Oh ! l’habitude… fit modestement le groom. Monsieur le duc m’a aussi chargé, continua-t-il, évidemment flatté du sourire de Renée, de dire à Mademoiselle que Mélibar a été retiré presque vivant et qu’il sera bientôt à la disposition de Mademoiselle. »