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nono

— Je ne veux pas que tu me mentes à moi !… bégaya Nono, dont les larmes s’arrêtaient au bord des cils.

— Je ne te mens pas, mon petit lion ! »

Elle ne se souvenait plus que Largess lui avait parlé de la résurrection possible de Mélibar, d’ailleurs, elle ne doutait pas qu’il fût mort en sa présence.

— Oh ! je suis jaloux comme personne ne l’est, dit Nono, détournant la tête, jaloux à mourir sans te vouloir le moindre mal, mais jaloux à tuer tous ceux qui viendront ce soir contempler tes épaules. »

Un nuage passa sur les prunelles de Renée.

— Comme je t’aime ! » murmura-t-elle, le front dans son cou, appuyant très fort sa tempe sillonnée de noir à cette peau brûlante.

Nono oublia le duc, l’enfant reparut et là, derrière la portière, il se frotta les genoux dans la traîne de sa robe de satin. Il aurait pu d’un seul geste faire tomber les dentelles recouvrant ce grain de beauté bizarre qu’avait découvert le duc. Mais Nono n’était pas un viveur, il dit seulement :

— Je te pardonne de te décolleter, car…

— Voyons, achève !… fit-elle en souriant de sa rougeur de vierge.

— Car… ça m’y habitue !… » ajouta Nono qui ne trouva que ce mot pour rendre toutes ses nouvelles sensations.

Elle l’embrassa, mais cette fois sans lui causer aucun mal.

Le dîner fut merveilleux, Mlle Fayor s’y montra