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la petite sœurette étaient arrivées tout en larmes, pour demander au général ce que signifiait cette descente de police faite chez elles, vers trois heures du matin.

Elles furent reçues, comme on peut penser, avec des mille millions de tonnerres contre le misérable clampin qu’on accusait « presque », disait le maire de Gana, « tout à fait » précisait le Sabreur, d’assassinat mystérieux. La mère s’évanouit et elle fut jetée dehors en cet état, sa petite encore pendue à ses jupes. Pourtant, le général permit qu’on lui donnât de l’eau à travers la grille d’honneur. Il n’était pas complètement mauvais, le général, il regrettait toujours son premier mouvement, mais trop tard, et la dignité militaire ne permet pas les effets rétroactifs.

Durant l’exécution, Mademoiselle Renée bataillait contre le duc.

— Pauvre famille ! murmurait Edmond tandis que sa fiancée disait durement :

— Allons donc ! »

Puis Renée exaspérée de sa magnanimité pour des parias, sortit haussant les épaules.

Alors, une fois dans l’antichambre, elle n’hésita pas. Elle jeta une capeline de satin sur sa tête, descendit par le petit escalier dérobé, ramena ses vêtements autour d’elle pour les empêcher de claquer dans le vent et s’élança à travers les allées.

Derrière la salle de bain, on se souvient qu’il y avait un étroit passage. Renée bondit entre les ronces. La mère de Nono, venue à pied, avait dû se ser-