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bien fait pour intimider un homme qui veut dominer son gendre.

— Hum ! fit-il, je crois que voici désormais le vrai duc !

Renée tendit ses doigts gantés et descendit lentement.

Le salon était plein d’invités en tenue de rigueur ; peu de femmes, mais des femmes qui avaient mis dans leurs costumes la dépouille de cinq ou six vieilles maisons provinciales. Un respectueux silence planait.

Les officiers étaient rigides, sentant l’approche du Sabreur. Edmond de Pluncey, debout près du chambranle de la porte et retenant la portière de soie affectait une austère indifférence. Un murmure d’admiration courut dès que Renée eut posé, sur le tapis de roses, son petit pied victorieux. Elle salua, gardant la tête droite, avec un regard aigu à l’adresse du duc.

Le juge d’instruction, invité naturellement, dit à son voisin de gauche.

— Vous rappelez-vous ce portrait de Catherine de Médicis débarquant en France, que possède notre musée ?…

— Oui, répondit le voisin émerveillé, c’est frappant… sauf que la future a les cheveux blonds, les yeux bleus, la taille plus mince…

— En effet » ajouta le juge de plus en plus enthousiasmé.

On partit après les félicitations d’usage.

Durant la cérémonie religieuse, les deux époux, d’un commun accord, ne s’envisagèrent pas une seconde. Le duc était fort préoccupé d’un nimbe tracé der-