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nono

— Maman, elle m’a promis d’être ma femme ; si tu l’entendais parler, tu croirais…

— Si je l’entendais parler, mon cœur en effet pourrait devenir sourd à la raison de même que le tien est devenu aveugle à la lumière. Tu ferais douter ta mère, Bruno !

— Maman, promets-moi de ne pas parler.

— Je te le promets, seulement que dois-je faire de l’argent ?

— Il faut le lui rendre ! répondit fièrement Nono.

— Je le rendrai », dit Mme Maldas avec un geste d’approbation.

Le guichetier vint annoncer une nouvelle visite. Qui, après sa mère, pouvait avoir envie de le consoler ? Un être singulier fit son apparition. Ce n’était ni un homme ni un enfant. Il était vêtu d’un veston collant, de bottes molles et d’un chapeau galonné.

— Monsieur Bruno, je désire vous parler, dit-il d’un ton bref.

— C’est ma mère », murmura Bruno étonné lui désignant Mme Maldas

— Madame est votre mère… Très bien. Voici ce qui m’amène. Il montra une carte blasonnée.

— Largess ? s’écria Nono fou de joie, je suis sûr que je vais être libre puisque… Regarde ! fit-il en tendant la carte à la veuve.

Celle-ci ne comprit pas grand’chose, si ce n’est qu’on traitait son fils avec beaucoup d’égards.

M. le duc m’a chargé de vous dire, commença Largess toujours impassible, qu’il était vraiment fâché