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CHAPITRE X



Les assises devaient s’ouvrir le lendemain, et Bruno avait choisi son avocat. Choisi n’était pas le mot, car le jeune homme avait accepté le premier défenseur qui s’était présenté. Bruno ne croyait plus à rien, moins à sa défense qu’à toute autre chose. Pourquoi aurait-il cru ?… puisque Renée l’abandonnait !

Cet avocat venait d’être inscrit au barreau depuis peu de temps. Il portait de très beaux favoris rouges, et quand il avait vu le client terrible que le hasard lui donnait il avait dit, en caressant ses très beaux favoris : « Voilà un homme mort. » Parce qu’il arrivait de Paris, sûr de lui-même et qu’il avait jugé de suite que l’accusé était un criminel endurci !

Bruno Maldas, depuis sa confrontation avec la victime, demeurait assis, le dos tourné au jour, devant la muraille de sa prison. Il ne se couchait pas, il ne se levait pas. Quand son estomac criait, il allongeait