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quelconque avec ce jeune homme. Mais, bons dieux, quel stupide animal, il ne voit que ses copies ! Avant de venir ici, j’avais envie d’écrire à M. Fayor, puis j’ai eu peur que tu fasses supprimer la lettre ; à la campagne ces choses-là se font. Il t’était facile de reconnaître mon écriture…, alors j’avais pensé à la mettre sous la souscription du Maldas… Mais tu vois, j’ai préféré implorer directement.

— Vous êtes donc criblé de dettes ?

— À tel point, Renée, que mon honneur te regarde.

Il dit ces mots d’un ton humble, ému, fléchissant à demi les genoux devant elle.

— C’est bien, je puis vous donner tout de suite, en valeurs diverses, quarante mille francs. Croyez-vous que ce soit assez pour que je n’entende plus jamais parler de vous ?

Victorien Barthelme se leva, furieux, serrant ses poings gantés.

— Je veux vous épouser, Renée Fayor, et je vous épouserai, j’en fais le serment sur votre propre orgueil ! »

Son accent indiquait, à présent, une résolution inébranlable.

Renée regarda avec une subite inquiétude derrière elle. Elle avait entendu la chienne, qui, revenue par une allée transversale, grondait sourdement. Prise d’un vertige, elle saisit le poignet de Victorien :

— Il faut nous cacher !