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CHAPITRE II



Mon cher Nono,

Je vais t’apprendre de bien tristes nouvelles. D’abord, les deux petits canaris que tu m’avais donnés pour ma fête sont morts ce matin, et puis, hier, papa m’a dit qu’il fallait me marier avec un monsieur que je ne connais pas ; il va me le présenter tout à l’heure. Je te jure qu’il n’y a point de ma faute. Je les faisais manger tous les jours et je nettoyais proprement leur cage ; mais, vois-tu, ils avaient des agaçons dans les pattes, ils ont fini par expirer, tout raides, le bec ouvert, que ça t’aurait donné pitié de les voir. J’ai beaucoup pleuré, tu peux me croire. Quant au monsieur, je t’ai juré de t’appartenir, nul ne pourra m’arracher un consentement, je te le promets encore sur mon amour, sur ma vie ! Je t’envoie les deux ailes de mes oiseaux dans une boîte que je fais recommander à la poste. Les pauvres petits n’avaient