Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’âme, je ne saisis pas toutes les intentions dont les enfers de vos cœurs de femmes sont pavés. Je ne suis qu’une pauvre bête. De toutes les lois que vous nous imposez, je n’ai retenu que celle de l’obéissance, je ne peux vouloir que ta volonté.

Alors, je suis parti, en sens inverse, je me suis éloigné du tournant dangereux de notre route où tu m’aurais peut-être frappé, où je t’aurais peut-être mordue. Puisque tu me défends de te suivre ainsi, le nez dans ta robe, mendiant le pain blanc de ton corps, je te suivrai… en allant à ton avance. Cercle vicieux, la terre est ronde, et, nous fuyant chacun de notre côté, nous nous rencontrerons fatalement ; ce n’est qu’une question de temps. Non ! je ne plaisante pas ! Je m’en vais, je cours, je me sauve de toi et du désespoir, front bas, aveuglé par la poussière que je soulève, aimanté vers mon pôle. Qu’est-ce donc que le temps pour la brute humaine, puissance inhumaine, qui peut s’offrir, en espérance ou en réalité, toute la joie du monde ? La joie unique au monde… Cela ne me lassera pas de te chercher parmi les formes, les couleurs, les parfums, car je suis le faiseur d’images.

Je crois que nous nous rencontrerons encore une fois. Ce sera très simple, comme tous les miracles… Assagis, l’un et l’autre,