Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/135

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une actrice ?… Vous prenez le costume de vos rôles et vous les ôtez avant de rentrer chez vous. Par exemple, vous pouvez tou jours emporter l’heure choisie, parfum de Nerys. Voyez plutôt dans le tiroir de la coiffeuse.

— Ça, non ! Je laisse encore ça chez vous, monsieur Montarès. Mon… mari n’aurait qu’à sentir cette odeur-là. S’il ne connaît pas le nom des fioles, il sait très bien que je n’ai pas les moyens de me les offrir.

— Ma chérie, c’est de la démence de ménager ce garçon. Tôt ou tard, votre Espagnol sera… naturalisé. Aveugle de naissance, alors ? Et vous le dites jaloux ?

— Il est jaloux, oui, mais pas Français, justement. Il ne s’occupe de rien de ce qui est la vie parisienne. Il dit que nous sommes tous des dépravés ou des fous. Il ne lit pas un journal, il ne regarde pas une gravure, il est absent de tout. Depuis que je le connais, il n’a jamais mis les pieds dans un concert et, comme il ne fait plus la représentation où je travaille, il ne peut rien savoir ni de vous ni de moi.

— L’impunité, Bouchette. Profitons-en. Restez avec moi ce soir. J’ai un ami à dîner, nous ne serons pas en tête à tête et, telle Cendrillon, vous rentrerez dès minuit.

— Il faut que je me trouve chez nous pour le dîner, s’il revient à cette heure-là. Je