Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/137

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de ma Jeunesse, du rose, du blanc, l’idylle pure d’un corps ignorant sa nudité avec le satin le pressant de son enveloppe, nous ne sommes plus que deux hommes assagis, très blasés, très loin de la servitude mondaine qui nous a enseigné le respect de la femme.

— Mon cher docteur, j’implore le secret professionnel. La dragée que vous avez analysée était pareille à toutes les autres, elle ne contenait, en effet, aucun aphrodisiaque. Vous vous rappelez mon mot à leur sujet, elles représentaient l’alibi. Voulez-vous suivre mon raisonnement en oubliant que vous êtes un savant pour ne vous rappeler que votre appétit des histoires salées ? J’ai mystifié ces dames comme les mystifient les tireuses de cartes, les chiromanciennes, les spirites et les prêtres qui le font, eux, pour en obtenir la forte somme ou l’absolue confiance. Si je leur avais dit : Vous allez vous abandonner toutes à un seul homme, — ça aurait manqué de galanterie. J’étais ridicule et elles aussi. Sans compter que les voisins auraient voulu intervenir, en exceptant ce bon Carlos Véra, plus porté sur le mélange des alcools que sur celui des nuances de chevelures féminines. Comprenez-moi et excusez-moi. En vous annonçant une reprise du fameux drame des pastilles du marquis de Sade, j’obtenais d’abord la tranquillité. Cela devenait