Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/172

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Je réponds, repris par le fatal engrenage des propos mondains :

— Mais, volontiers, chère Madame. Encore faudrait-il savoir à quel jeu ?

Et je salue, secoué d’un frisson analogue à celui de Sirloup. Je demeure, devant elle, respectueux, abruti. Le rôdeur me demandant la bourse ou la vie, la pierreuse en quête d’un miché sérieux, ne m’auraient pas désemparé comme cette apparition. Il y a surtout mon chien qui ne la tolère pas ! J’ai toutes les peines à le retenir. Il pousse de vilains petits cris de rage ou de désir comme chaque fois qu’il sent de la chair nue à sa portée. On ignore s’il a envie de mordre ou de lécher… La nature, la belle nature, est en train de nous rouler tous les deux dans une aventure où je n’aurai pas le dessus, j’en ai peur !

Nous causons, la femme et moi, l’un en face de l’autre, moi, retenant mon chien et elle son manteau, la lune nous illuminant de sa lumière morte, donne le détail avec une précision affreusement photographique. Ou c’est noir, ou c’est blanc. La fourrure l’enveloppe d’un pan d’ombre qui s’écarte parfois pour laisser entrevoir un morceau de peau blafarde.

J’interroge, très courtois, sans aucune ironie :

— Vous aurait-on manqué de respect,