Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/184

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sous-préfecture où ne parviennent guère les bruits de Paris. J’y suis entourée d’humbles gens pleins d’un affectueux respect pour moi… des parents pauvres de mon mari que j’ai voulu recueillir. Nous nous occupons d’agriculture, d’élevages, aussi d’œuvres de bienfaisance. Il sera pourtant nécessaire de nous rallier à quelques personnages politiques, de recevoir des gens en situation de nous aider, venant de la capitale. Cela entraînera des surprises, des malentendus… enfin, je voudrais mettre de l’ordre dans cette affaire comme dans toutes mes affaires, puisque je suis ici pour cela. Je fais donc appel à votre courtoisie, monsieur Montarès, qui domine, je le sais, tous les actes de votre existence d’artiste… très agitée. Je dis agitée par politesse. (Elle sourit, me montrant ses dents qui sont toujours éblouissantes et ce sourire est une brutale réplique du sourire de la femme d’en bas, de la femme nue, parce que la blancheur des dents évoque celle de la chair.) Vous n’êtes pas un homme sérieux, malgré votre position de peintre de plus en plus célèbre, mais vous demeurez bien élevé. Je vous rends cette justice. Vous approchez de la cinquantaine, en outre, et vous devez aspirer à l’oubli de tous les scandales. Ce que je vous demande, c’est, après l’effacement total du passé, une garantie pour l’a-