Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/204

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peur d’elles, parce que ça les empêcherait de gagner leur match du dimanche.

Le soir tombe et une lueur presque rose vient empourprer l’eau de ma citerne.

Je suis excessivement déprimé.

On entend les gonds de la grille du jardin qui tournent, appelant au secours : c’est un petit télégraphiste. Il apporte un pneu. Francine réapparaît :

— Est-ce que Monsieur dînera ce soir ?

— Non, je ne crois pas.

Et elle me laisse en tête à tête avec… l’autre miracle, le vrai, celui-là, son écriture :

« J’attendrai, ce soir, 7 h., M. Alain Montarès, à l’hôtel de Flandres. Demander Mme Valérie. »

Je reçois une telle commotion que ce crépuscule rose me monte brusquement au cerveau comme un verre de vin pur.

Elle ? Qui va me recevoir dans un hôtel, celui-là même probablement où elle est descendue et où je vais rencontrer le notaire, sinon l’avocat m’interdisant de me servir de ce portrait pour la reproduction. Ah ! on peut être tranquille ! Aucune reproduction n’est possible avec Mme Pauline Vallier, la bourgeoise stérile et pudique !

Je cherche l’hôtel de Flandres sur un plan. C’est dans une rue écartée de toutes les grandes voies. J’aperçois ça d’ici. Un endroit pro-