Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/206

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Coiffée très soigneusement, ses cheveux repliés en rouleaux pour imiter les cheveux courts, assez fardée, pas trop, elle a le visage tragique des êtres qui se sont fait un tourment de la vie au lieu de l’accepter avec l’orgueil humain, car c’est une très belle chose que vivre pour l’unique joie de vivre.

Je cherche à ses côtés le Monsieur aux revendications sociales. Elle est seule. La chambre est blanche, genre hôpital de luxe, comme toutes les chambres bien modernes, meubles laqués, lit virginal (un peu large, tout de même), rideaux de mousseline aux fenêtres, de la propreté, de l’ordre. C’est froid. Je me fais l’effet d’un gros bourdon tombé dans une corolle de lis. Mais une violente piqûre aux yeux me rappelle que je ne suis pas ici le maître de la place : il y a un autre insecte de mon espèce. Sur la cheminée, je vois une photographie, dans un cadre, une carte-album représentant un homme plus jeune que moi, très grand, très mince, les épaules un peu voûtées, l’air intelligent et triste avec un regard lointain. C’est certainement M. Vallier.

— Alain Montarès, murmure la dame en noir, vous m’avez dit, l’autre jour, une chose ignoble. Je vais quitter Paris. Êtes-vous toujours dans la même intention ?

Elle s’est assise sur le lit et elle croise ses