Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/226

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loir, cette porte derrière laquelle arrive Francine discrètement pour annoncer que : « Monsieur et Madame sont servis », et c’est dangereux, à cause de la vertu de Francine, qui n’aime pas les modèles à tout faire, je crois.

Pour déjeuner, malgré la chaleur, Pauline Vallier jette, sur son costume trop court, aux franges trop longues, un kimono plus décent et murmure :

— Je n’ai pas faim, Alain, je suis fatiguée. Vous devriez me laisser sortir. J’ai tant de courses à faire avant mon départ.

La puérilité de cette femme n’a d’égale que sa profonde indifférence. Tout se réduit à une phrase leitmotive de toutes les situations : Ça n’a aucune importance. — Pourtant elle a des courses à faire… et elle tient à la rectification, à la réhabilitation de son portrait… à moins qu’une autre volonté la dirige, lui fasse accomplir des actes dont elle n’aurait pas conscience et, alors, j’ai, en dépit de tous les plaisirs, un frisson d’horreur.

Je ne réfléchis pas. Je subis. Je ne cherche plus à m’expliquer ou à me révolter. Le seul coupable c’est moi : je ne devais pas céder, je ne devais pas revenir. Et je me grise, pour l’oublier, avec elle qui ressemble à l’autre, comme je tâche d’oublier le portrait de la