Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/232

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Elle est montée sur l’estrade, se cambre en arrière, puis pense à autre chose. C’est vraiment un excellent modèle, d’une patience angélique. Je ne lui refuse pas cette qualité, à part qu’elle en abuse à l’heure de la sieste.

Je travaille. Encore quelques touches, là, sur cette jambe, une lueur argentée, et je me redresse. Nous causons :

— Vous avez retenu votre place pour demain ?

— Oui.

— Que désirez-vous que nous fassions, ce soir, la veille de votre départ, Line ?

— Une promenade au Bois et souper, dehors, aux étoiles. J’aimerais… Alain, ne me contrariez pas, j’aimerais de la douceur avant de se quitter pour toujours. Suis-je indiscrète ?

Elle sourit, mais est-ce en service commandé ? Est-elle énervée par la tiédeur de ce salon trop capitonné de velours d’où ne tombe que le poids de cette lumière brûlante sans la légèreté de l’air pur ? Redoute-t-elle une émotion, une faiblesse, ou veut-elle conserver de moi une autre vision que celle du client ?

Combien de fois me serai-je trompé en me heurtant à la porte de glace de son indifférence ! Moi, je ne suis coupable, hélas ! que