Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/235

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Je la contemple un peu ironiquement. Elle est très au-dessus de moi et ses jambes gantées de dentelle jouent avec les franges de sa robe dont les fils de soie tirent à eux tout ce que je possède de nerfs encore disponibles.

— Inutile de me rappeler ma sottise, mon cher ami. Ces histoires-là, de loin, ça fait pitié. On a l’idée très nette qu’on a été, un temps, enfermé dans un cabanon.

— Le danger, Line, c’est quand un des deux fous reste dans ce cabanon.

— Allons donc ! Vous auriez bien trop peur de me faire du mal. Je ne suis pas fâchée d’avoir vu ce que c’est qu’un être réellement amoureux et de très près. Quelle perte absolue du sens commun et de toute espèce de dignité. Alain Montarès, mon cher maître, si on vous connaissait comme je vous connais, on se moquerait de vous.

— Il me suffit de votre présence ici, Line, pour être certain que l’amour sincère, sans intérêt, sans calcul d’aucune sorte, aura toujours raison. Vous ne pourriez pas vous moquer de moi sans vous injurier vous-même. (Et pour changer la conversation parce que je sens gronder en moi un Sirloup très proche de la rage dangereuse, je demande :) Comment dois-je opérer pour