notisé, tomber dans le vide les menus éclats tournoyants.
Jules Nordin est ému autant que peut l’être une brute. Il est passagèrement saisi de ce trouble qu’apporte avec elle une mort pitoyable, la fin d’une malheureuse petite fille sentimentale. Lui, c’est un homme vulgaire, plus habitué aux soucis matériels qu’à l’analyse des complexités d’un désespoir d’amour. Il ne me menace plus. Il attend. Pour lui, je suis l’amant de sa sœur, le père de l’enfant, celui qui doit payer pour l’autre qui est parti, est redevenu l’étranger.
Je respire longuement, fortement, et, très calme, tout à coup, scandant mes mots comme si je voulais en graver chaque syllabe dans le cerveau de ce pauvre diable, ce cerveau borné par l’impérieux besoin de vivre, l’odieuse vie commune, je dis :
— Demain on ira chercher à l’adresse que vous allez me donner l’enfant d’Henriette Nordin, votre sœur, ce petit garçon que je ne connais pas et je le ferai élever ici, chez moi. Puisqu’il est orphelin, qu’aucun père, légitime ou non, ne peut le réclamer, je le reconnaîtrai. J’en ferai mon fils et un Français, de vraie souche française. Votre sœur, celle que j’appelais Bouchette, était une très honnête fille, Jules Nordin. Il ne me plaît pas que vous en doutiez un seul instant. Je