V
Je rentre chez moi.
Passé la première porte cochère, c’est la vaste cour déserte dont les dalles ont de la mousse dans les creux comme des pierres tombales. Au fond de cette cour, la grille noire, sur le jardin, en barreaux de prison. Et cette grille tourne sur ses gonds, avec un petit grincement qui ressemble à la plainte d’un hibou, un chant atrocement mélancolique. J’ai fait huiler ces gonds-là, je les ai même fait démonter : ils crient encore, ils crieront toujours ! Ils doivent appeler à l’aide.
Le jardin entoure étroitement mon pavillon. On le croirait très grand, ce jardin. Il est borné par de hautes murailles sans ouvertures, celles des maisons voisines lui formant des barrières de sept étages, retenant entre elles l’espace fluide et sombre, ainsi les parois d’une citerne retiendraient une eau verte.