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Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/81

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— Bouchette, à mon tour, changeons de conversation ou ça finira mal ! (Je passe mon bras sous le sien.) Racontez-moi plutôt l’histoire de votre mariage, les choses convenables, bien entendu. Si je dois faire votre portrait en bouquet d’oranger, je désire une description complète de la robe des noces, du repas, des parents, des airs de violons ou de piano mécanique. Racontez tout, ou je me fâche…

Elle se mord les lèvres comme quelqu’un qui va pleurer.

— Quand vous aurez fini de m’ironiser… Elle a vraiment des mots inattendus.

Je me penche et l’embrasse dans le cou, sans trop appuyer, parce que j’ai de moins en moins envie de cette femme. Elle me fait l’effet d’une jeune pensionnaire qu’il ne serait pas désagréable de déniaiser un jour de printemps, mais, aujourd’hui, non, tout sombre dans la neige, la glace et le pot de crème ! Décidément, je deviens capricieux comme un malade.

Le fantôme de l’autre s’est glissé entre nous, tout à l’heure, quand celle-ci me montrait ses jambes. Comme une bouffée de parfum violent, j’ai respiré son souvenir, toujours tenace. J’ai vu luire sa peau, d’un blanc spécial qui n’est pas la blancheur d’aucune peau, ni celle de la neige, ni celle de la