Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/83

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qu’un pour ne plus avoir à laver la vaisselle en rentrant chez nous. Alors, dès mes quinze ans, elle m’a fait faire la connaissance d’un commis en représentation, un commis aux halles, pour ses débuts, il s’est mis dans les étoffes plus tard. On en faisait des métiers différents pendant la guerre ! J’ai demandé à réfléchir… j’ai réfléchi longtemps, parce que je me suis tout de suite aperçu que ce garçon-là était un renfermé. Et il est arrivé ce qui devait tout finir. Je suis sa femme, quoi ! Nous nous entendons très bien. De noces ? Il n’y a pas de noce à vous conter, monsieur Montarès. Ça ne se passe pas comme dans votre monde où l’on ne pense qu’à ça ! Ni mon père, ni ma mère, ne voulaient de ce mariage. On n’a pas eu de fête, mais c’est moi qui ai déniché notre jolie mansarde et même que le loyer est à mon nom, c’est moi qui le paie parce que lorsqu’on est dans le commerce, on ne sait jamais…

C’est navrant ; elle n’invente pas. C’est tellement plat, terne, dépourvu de toute fraîcheur d’idylle, que ce doit être arrivé, et ce qu’elle cache avec soin, je crois l’avoir deviné depuis le début de notre aventure. Ils ne sont pas mariés, collés, simplement. Ils s’épouseront quand ils auront réalisé les sommes proportionnées à leurs respectives ambitions. Ces sortes d’associations ne sont