Page:Racine Œuvres complètes 1827 tome 2.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

6 PRÉFACE,

son de pousser les choses au delà du vraisem- blable. Les juges de l'Aréopage n'auroient pas peut-être trouvé bon qu'il eût marqué au natu- rel leur avidité de gagner, les bons tours de leurs secrétaires et les forfanteries de leurs avo- cats. Il étoit à propos d'outrer un peu les per- sonnages, pour les empêcher de sereconnoître; le public ne laissoit pas de discerner le vrai au travers du ridicule : et je m'assure qu'il vaut mieux avoir occupé l'impertinente éloquence de deux orateurs autour d'un chien accusé que si l'on avait mis sur la sellette un véritable cri- minel, et qu'on eût intéressé les spectateurs à la vie d'un homme.

Quoi qu'il en soit , je puis dire que notre siè- cle n'a pas été tle plus mauvaise humeur que le sien, et que, si le but de ma comédie étoit de faire rire, jamais comédie n'a mieux attrapé son but. Ce n'est pas que j'attende un grand honneur d'avoir assez long-temps réjoui le monde; mais je me sais quelque gré de l'avoir, fait sans qu'il m'en ait coûté une seule de ces sales équivoques et de ces malhonnêtes plaisan-

�� �