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Page:Racine Œuvres complètes 1827 tome 2.djvu/194

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186 BÉRÉNICE.

ANTIOCHUS.

Va, dis-je; et, sans vouloir te charger d'autres soins , Vois si je puis bientôt lui parler sans témoins.

SCÈNE II.

ÀNTIOCHUS.

Hé bien, Antiochus, es-tu toujours le même?

Pourrai-je, sans trembler, lui dire : Je vous aime?

Mais quoi! déjà je tremble; et mon cœur agité

Craint autant ce moment que je l'ai souhaité.

Bérénice autrefois m'ôta toute espérance;

Elle m'imposa même un éternel silence.

Je me suis tu cinq ans; et jusques à ce jour

D'un voile d'amitié j'ai couvert mon amour.

Dois-je croire qu'au rang où Titus la destine

Elle m'écoute mieux que dans la Palestine?

Il l'épouse. Ai-je donc attendu ce moment

Pour me venir encor déclarer son amant?

Quel fruit me reviendra d'un aveu téméraire?

Ah! puisqu'il faut partir, partons sans lui déplaire.

Retirons-nous, sortons; et, sans nous découvrir,

Allons loin de ses yeux l'oublier, ou mourir.

Eh quoi ! souffrir toujours un tourment qu'elle ignore !

Toujours verser des pleurs qu'il faut que je dévore!

Quoi! même en la perdant redouter son courroux!

Belle reine, et pourquoi vous offenseriez-vous?

Viens-je vous demander que vous quittiez l'empire?

Que vous m'aimiez? Hélas! je ne viens que vous dire

Qu'après m'être long-temps flatté que mon rival

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