Page:Racine Œuvres complètes 1827 tome 2.djvu/226

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2 i8 BÉRÉNICE.

La moins digne beauté qu'elle cache en son sein Jules céda lui-même au torrent qui m'entraîne. Si le peuple demain ne voit partir la reine, Demain elle entendra ce peuple furieux Me venir demander son départ à ses yeux. Sauvons de cet affront mon nom et sa mémoire; Et puisqu'il faut céder, cédons à notre gloire. Ma bouche et mes regards, muets depuis huit jours, L'auront pu préparer à ce triste discours : Et même en ce moment , inquiète , empressée , Elle veut qu'à ses yeux j'explique ma pensée. D'un amant interdit soulagez le tourment; Epargnez à mon cœur cet éclaircissement. Allez, expliquez-lui mon trouble et mon silence; Surtout, qu'elle me laisse éviter sa présence : Sovez le seul témoin de ses pleurs et ,des miens; Portez-lui mes adieux , et recevez les siens. Fuyons tous deux, fuyons un spectacle funeste Qui de notre constance accableroit le reste. Si l'espoir de régner et de vivre en mon cœur Peut de son infortune adoucir la rigueur , Ah, prince! jurez-lui que, toujours trop fidèle, Gémissant dans ma cour, et plus exilé qu'elle, Portant jusqu'au tombeau le nom de son amant, Mon règne ne sera qu'un long bannissement, Si le ciel , non content de me l'avoir ravie, Veut encor m'aftliger par une longue vie. Vous, que l'amitié seule attache sur ses pas, Prince, dans son malheur ne l'abandonnez pas : Que l'Orient vous voie arriver à sa suite;

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