Page:Racine Œuvres complètes 1827 tome 2.djvu/252

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

24* BÉRÉNICE.

Ses ordres sont donnés. Elle s'est offensée Que Titus à ses pleurs l'ait si long-temps laissée. Un généreux dépit succède à sa fureur : Bérénice renonce à Rome , à l'empereur , Et même veut partir avant que Rome instruite Puisse voir son désordre et jouir de sa fuite. Elle écrit à César.

ANTIOCHUS.

O ciel! qui l'auroit cru? Et Titus?

ARSACE.

A ses yeux Titus n'a point paru. Le peuple avec transport l'arrête et l'environne, Applaudissant aux noms que le sénat lui donne ; Et ces noms, ces respects, ces applaudissemens, Deviennent pour Titus autant d'engagemens, Qui, le liant, seigneur, d'une honorable chaîne, Malgré tous ses soupirs, et les pleurs de la reine, Fixent dans son devoir ses vœux irrésolus. C'en est fait; et peut-être il ne la verra plus.

ANTIOCHUS.

Que de sujets d'espoir, Arsace! je l'avoue : Mais d'un soin si cruel la fortune me joue, J'ai vu tous mes projets tant de fois démentis , Que j'écoute en tremblant tout ce que tu me dis; Et mon cœur, prévenu d'une crainte importune, Croit, même en espérant, irriter la fortune. Mais que vois-je? Titus porte vers nous ses pas! Que veut-il?

�� �