Mon désespoir n’attend que leur indifférence :
Ils n’ont qu’à m’interdire un reste d’espérance ;
Ils n’ont, pour avancer cette mort où je cours,
Qu’à me dire une fois ce qu’ils m’ont dit toujours.
Voilà, depuis un an, le seul soin qui m’anime.
Madame, c’est à vous de prendre une victime
Que les Scythes auroient dérobée à vos coups,
Si j’en avois trouvé d’aussi cruels que vous.
[1].
À des soins plus pressants la Grèce vous engage.
Que parlez-vous du Scythe et de mes cruautés ?
Songez à tous ces rois que vous représentez.
Faut-il que d’un transport leur vengeance dépende ?
Est-ce le sang d’Oreste enfin qu’on vous demande ?
Dégagez-vous des soins dont vous êtes chargé.
Les refus de Pyrrhus m’ont assez dégagé,
Madame : il me renvoie ; et quelque autre puissance
Lui fait du fils d’Hector embrasser la défense.
L’infidèle !
[2],
Ainsi donc, tout prêt à le quitter- ↑ Var. Non, non, ne pensez pas qu’Hermione dispose
D’un sang sur qui la Grèce aujourd’hui se repose.
Mais vous-même est-ce ainsi que vous exécutez
Les vœux de tant d’États que vous représentez(a) ? (1668 et 73)
(a). Racine a refait ces quatre vers, ayant trouvé sans doute quelque fondement à la critique qu’en avait faite Subligny : « Il me semble que se reposer sur un sang est une étrange figure… Exécuter les ordres n’est pas la même chose qu’exécuter les vœux, qui ne se dit que quand on a voué quelque chose ; mais ce n’étoit point un pèlerinage que les Grecs avoient voué en Épire. » (Préface de la Folle querelle.) - ↑ Var.
· · · Ainsi donc, il ne me reste rien
Qu’à venir prendre ici la place du Troyen :