Page:Racine - Œuvres, t4, éd. Mesnard, 1865.djvu/267

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NOTICE.

La Lettre à l’auteur des Hérésies imaginaires, les deux réponses qui y furent faites, et la riposte de Racine dans une seconde lettre, adressée aux deux apologistes de Nicole, sont les pièces d’un même procès ; nous devons donc rassembler ici, au lieu de le disperser en plusieurs notices distinctes, ce que nous avons à dire de ces divers écrits auxquels donna lieu la querelle du jeune poëte avec Port-Royal.

Dans cette querelle, Racine eut tout l’avantage, en ce sens du moins qu’il y montra un talent supérieur, une finesse de raillerie qui fait de ses deux lettres des chefs-d’œuvre de polémique, et aussi que la cause du théâtre, où il sentait l’avenir de son génie si intéressé, était bonne à défendre contre l’exagération du rigorisme. Mais il eut raison, sans mériter d’être approuvé : il devait reconnaissance et respect aux excellents maîtres sur qui il jetait si agréablement le ridicule. On le fit bientôt rentrer en lui-même : il reconnut que d’excellents écrits peuvent être de blâmables actions ; et il fut honorable pour lui de s’être laissé désarmer au plus fort de la lutte, dans toute la vivacité de l’âge et de la passion, et lorsqu’il se voyait victorieux.

Il était sorti de Port-Royal en 1664 et 1665 de petites lettres anonymes eu feuilles volantes, sous le titre de Lettres sur l’Hérésie imaginaire ; Nicole en était l’auteur. Il avait successivement donné dix de ces lettres, dont la première était datée du 24 janvier 1664. Elles furent plus tard suivies de huit autres, ce qui en porta le nombre à dix-huit, de même qu’il y avait eu dix-huit Petites lettres de Pascal ; et c’est ce qui a fait dire malicieusement à Racine que l’auteur « avoit impatience de servir de seconde partie » au plus éloquent défenseur de Port-Royal. Les huit dernières Imaginaires ont le