Page:Racine - Œuvres, t5, éd. Mesnard, 1865.djvu/451

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serait tenté de croire qu’il ne se proposait pas seulement un exercice d’interprétation et de style, mais qu’il réunissait des matériaux pour quelque travail sur l’histoire religieuse, ou tout au moins qu’il voulait approfondir, pour sa propre instruction, l’étude de certaines parties de cette histoire. Ce dessein, qui paraît si vraisemblable, n’est guère celui d’un écolier.

S’il fallait toujours songer aux éditions de Bâle, Racine se serait peut-être servi, pour l’historien Josèphe, de celle de 1544, in-folio. Quant à Philon, l’édition des œuvres de cet auteur qu’à un certain moment il a eue entre les mains est, comme nous le dirons bientôt, celle de Paris, 1640. in-folio. Mais était-ce à ce même moment qu’il traduisait les fragments sur les Esséniens ? Nous ne devons pas l’affirmer, parce qu’entre cette traduction et les dernières de celles qui suivirent, un intervalle de temps dont il vaudrait la peine de tenir compte peut être supposé.

La Lettre de l’Église de Smyrne, la Vie de saint Polycarpe, la Lettre de saint Irénée, et l’Épître de saint Polycarpe aux Philippiens ont été certainement traduites ensemble, et ne forment qu’un seul travail. Tout le prouve : il s’agit toujours de saint Polycarpe ; l’écriture n’offre pas de différences ; et plusieurs de ces extraits commencent sur le même feuillet, parfois sur la même page où finit le précédent.

M. Aimé-Martin au titre des deux premiers a ajouté ce sous-titre : Fragments traduits d’Eusèbe ; il a eu tort, au moins pour ce qui est de la Lettre de l’’Église de Smyrne. Racine, à la marge de différents passages de cette lettre, a lui-même cité Eusèbe ; mais il n’aurait pas ainsi répété cette indication, s’il eût tout tiré du même auteur. Voici d’ailleurs ce qui ne laisse aucun doute. Eusèbe, au livre IV, chapitre xv[1], de son Histoire ecclésiastique, n’a donné qu’en partie la Lettre de l’Église de Smyrne. Racine, qui a comblé les lacunes, a donc fait sa traduction sur un autre texte. La Lettre, que nous ne connaîtrions pas tout entière si Eusèbe seul nous l’avait conservée, avait été trop répandue dans toutes les Églises d’Orient, auxquelles l’Église de Smyrne l’avait envoyée, pour qu’on

  1. Nous citons d’après l’édition de 1659, dont il sera parlé tout à l’heure.