Page:Racine - Œuvres, t5, éd. Mesnard, 1865.djvu/454

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gnage, qu’il allègue, n’a pas été cité de seconde main : on pensera, ce nous semble, qu’un écolier ne pouvait travailler de cette manière, et que, parmi les traductions qui commencent aux Esséniens, celles mêmes pour lesquelles nous n’avons pas, comme pour les autres, l’indication d’une date fournie par la citation de l’Eusèbe de Vitré, ne doivent pas non plus cependant être antérieures à 1659.

Nous pouvons, croyons-nous, ne pas nous borner à marquer cette limite, mais faire encore un pas de plus. Le seul temps de la jeunesse de Racine où l’on s’explique sans peine qu’il se soit essayé à un travail sérieux sur des sujets de l’histoire religieuse, et qu’il ait eu à sa disposition une bibliothèque de théologien, nous paraît être celui qu’il passa en Languedoc, près de son oncle le vicaire général : arrivé à Uzès dans les derniers mois de 1661, il y demeura probablement toute l’année suivante, et même une partie de l’année 1663[1]. Par les lettres qu’il écrivit de cette ville nous savons qu’il se plaignait que le nombre de ses livres y fût « fort borné. » Mais il ajoutait que les livres qui lui manquaient étaient les livres français, particulièrement les « livres à conter fleurette ; « et que, d’ailleurs, « les sommes de théologies latines » et les « Pères grecs » ne faisaient pas défaut[2]. Il disait aussi : « Je fais force extraits de théologie[3]. » Les travaux dont nous apprenons ainsi qu’il était occupé ne sont pas, on le voit, sans analogie avec ceux dont nous parlons ici, et qu’on ne peut s’étonner de ne pas trouver expressément mentionnés dans ces mêmes lettres : il y glissait volontiers, et avec une sorte d’affectation de légèreté, sur tout ce qui aurait paru trop sérieux à ses frivoles correspondants ; mais nous ne doutons pas, et nous l’avons dit ailleurs[4], que ce temps ait pu être un des plus studieux de sa vie ; les Remarques sur les Olympiques et sur l’Odyssée nous en fourniront, dans le volume suivant, des preuves assurées. Toutes les vraisemblances nous paraissent donc favoriser cette con-

  1. Voyez la Notice biographique, p. 43, 47, et 55, note 1.
  2. Lettre à l’abbé le Vasseur, du 4 juillet 1662.
  3. Lettre au même, du 17 janvier 1662.
  4. Notice biographique, p. 51.